Cristina Lazic a commencé à jouer du piano à l’âge de six ans, a grandi en composant de la musique, a commencé à jouer du DJ pendant sa maternité et connaît aujourd’hui un succès international en tant qu’artiste musicale. Avec une expérience relativement récente en tant que DJ et productrice, Cristina a joué dans certains des plus grands clubs et festivals du monde et de par sa sélection particulière de musique et son sens aigu de la musique de passer sur radios internationales renommées. Elle vient de de son propre projet « La Zic » : une plateforme musicale proposant un label, un programme de mentorat et une ligne de vêtements.
Image mise en avant : © Cristina Lazic
Consciente des problèmes auxquels les femmes professionnelles peuvent être confrontées dans des secteurs dominés par les hommes, tels que la technologie et la musique, Cristina est convaincue qu’elle peut faire la différence dans la musique pour les femmes, et les mères en particulier, puisqu’elle est elle-même mère. Elle fait partie de shesaid.so, la communauté des femmes de l’industrie musicale, où elle dirige les efforts du comité de parentalité pour sauvegarder les intérêts des artistes ayant des enfants. La musique est au cœur de la vie de Cristina Lazic et de tout ce qu’elle fait. Son objectif est de communiquer avec les gens en les faisant danser, et ses sons vont de la deep house recherchée à la minimal groovy et entraînante. WODJ MAG a eu la chance de lui poser des questions pour en savoir plus sur ses projets.
WODJ MAG : Salut Cristina, comment vas-tu ?
Cristina Lazic : Trés bien ! Merci pour l’invitation.
Peux-tu te présenter pour celles et ceux qui te découvrent ?
Je suis une DJ italienne mais j’ai un nom de DJ serbe, car mon mari est serbe et nous partageons une passion pour la musique électronique. J’ai commencé à jouer les DJ à Londres il y a sept ans, alors que j’étais en congé de maternité et que ma fille avait quelques mois. Je joue du piano depuis mon enfance et j’ai toujours voulu me consacrer à la musique, mais je n’ai jamais eu l’occasion d’envisager d’en faire mon métier. Mais lorsque j’ai commencé à être DJ, j’ai eu la confirmation que la musique était ce qui pouvait me rendre heureux. C’est pourquoi j’ai récemment quitté mon emploi chez Google pour me consacrer à la musique à plein temps. En général, j’ai été un raver pendant la majeure partie de ma vie ; je suis un grand passionné de musique électronique, avec un amour particulier pour les vibrations minimales et house, qui ont façonné mon son depuis que je suis adolescent.
Comment es-tu tombée dans la musique ?
Ma grand-mère était professeur de piano, et je passais des heures à jouer du piano avec elle quand j’étais enfant. J’avais l’habitude de composer de la musique lorsque j’étais adolescente et j’ai fait un album avec quelques chansons que j’avais composées… que j’ai toujours sur quelques CD à la maison ! Cependant, j’ai toujours gardé la musique comme une passion secondaire. Maintenant que la carrière de DJ se porte plutôt bien, j’ai décidé de faire le « grand saut » et de m’y consacrer à plein temps, en tant que DJ et maintenant en tant qu’entrepreneur avec mon projet « La Zic ».
Quel est ton style ?
Mon son se situe quelque part entre le minimal, le deep tech et le mélodique. J’ai mon propre style, que j’ai développé au fil des années, et qui se reflète dans mes productions. C’est la raison pour laquelle je lance mon label : comme mon son est hybride et ne peut pas être catégorisé, j’ai décidé de créer mon propre label, en y associant d’autres artistes qui font une musique similaire à la mienne.
Quel est le track qui te définirais le mieux ?
Si c’est un morceau de mes propres productions, je dirais « Mirror », car c’est un morceau mélodique et profond avec une voix féminine (celle de mon amie Shar), qui parle d’auto-réflexion et d’autonomisation des femmes. Il me définit vraiment car je suis une femme indépendante, et j’aime que les femmes se soutiennent mutuellement. Je fais beaucoup d’efforts pour créer une communauté et un soutien entre les artistes et les professionnels de l’industrie.
Si ce n’est des miennes, je pense que Morcheeba est l’un des groupes électroniques que j’aime le plus, et leur titre « The Sea » me représente : c’est froid, profond, avec une belle voix féminine, et ça parle de ce que j’aime le plus dans la musique : la mer. Les harmonies de ce morceau sont tout simplement parfaites.
Tu viens de lancer un nouveau label « La Zic » et tu l’inaugures avec un premier EP Luna. Peux-tu nous présenter la philosophie de cette nouvelle empreinte ?
« La Zic », qui veut dire « la musique » en argot français, propose une musique en accord avec mon son, qui se situe entre les sonorités de labels renommés comme Crosstown Rebels, et d’autres plus underground comme Bondage, TBX et Moan. Avec La Zic, je souhaite apporter une touche « féminine » et « maternelle » à la musique minimale, un genre qui est notoirement dominé par les hommes, et je souhaite impliquer de nouveaux talents exceptionnels et faire grandir ces artistes. La Zic ne sera pas seulement un label, mais aussi un programme de mentorat, dans le cadre duquel je souhaite aider les artistes à acquérir des compétences en matière de communication et d’image de marque pour réussir dans l’industrie musicale. Le symbole de « La Zic » est la lune 🌙 , qui représente l’élégance et la féminité, qui brille dans la nuit et qui est également liée à la maternité, à l’équilibre, aux humeurs et aux émotions.
Ton EP dévoile deux tracks originaux « Luna » et « Airplane Mode » remixés par Mihai Popoviciu et David Gtronic. Peux-tu nous présenter ces deux tracks et tes invités ?
L’EP comprend quatre titres : « Luna », une face A minimaliste, progressive et rêveuse, « Luna », de ma main – avec un remix groovy du Roumain Mihai Popoviciu ; et « Airplane Mode », qui s’inspire de « Love somebody else » de Maceo Plex ; et une réinterprétation d’Airplane Mode par David Gtronic, avec les sons percussifs et les éléments organiques qui font la signature de David. J’ai invité Mihai et David à rejoindre mon label car je suis un grand fan de leurs productions et de leur style, et ce sont des noms très respectés sur la scène musicale underground. J’ai été très heureux d’apprendre qu’ils avaient accepté de rejoindre mon label, même s’il s’agissait d’un nouveau projet.
Quel est l’endroit dans le monde ou tu rêverais de jouer le plus « Luna » ?
« Luna » est un morceau qui peut très bien fonctionner en ouverture ou aux heures de pointe des soirées. Anthony Middleton d’Audiofly, par exemple, m’a envoyé une vidéo où il le jouait pendant un set de jour au Piknic Electronik à Santiago, au Chili. Je l’ai beaucoup joué ces derniers temps pendant les warm ups des soirées minimal, deep tech et tech house. Le morceau a également des vibrations progressives et a été soutenu par des artistes comme John Digweed.
Tu es aussi très engagée le mentoring et notamment dans les accompagnements des femmes et surtout des méres dans la musique et étant membres de shesaid.co également, peux-tu nous faire part de tes actions et ta vision ?
Je collabore avec shesaid.so sur plusieurs fronts. Andreea, leur fondatrice, est une amie et l’une des femmes que j’estime le plus dans l’industrie. Je fais partie du comité de parentalité de shesaid.so et, avec d’autres mères, nous organisons des activités et des événements pour soutenir les parents dans la musique et contribuer à rendre l’industrie plus conviviale pour les familles. J’ai également été mentor chez shesaid.so dans le cadre de leur formidable programme We.grow.
En accompagnant les mamans, souhaites-tu les débloquer sur certains aspects et leurs apporter les ressources pour transmettre la musique à leurs enfants – Quelles sont tes missions ?
Certainement. J’imagine une industrie où il deviendra normal de demander aux promoteurs de faire garder les enfants des DJs s’ils sont parents. Je le fais déjà : lors de certains de mes concerts, je voyage avec ma famille (mari et fille) et pendant que je joue la nuit, mon mari et ma fille dorment – et nous passons alors du temps en famille, comme le font toutes les familles dont les parents ont un travail de 9 à 5. J’aimerais que cela devienne la norme et que je fasse le tour du monde avec eux. Je veux montrer à l’industrie qu’il est possible de combiner la parentalité, une vie saine et le métier de DJ. Et bien sûr, je veux montrer à ma fille qu’il est possible de réaliser ses rêves.
Ton background présente un profil proactif car tu as travaillé dans des entreprises telles que Apple et Google. Que penses-tu de l’IA dans la musique ? Comment tu vois la musique électronique dans un futur proche et plus lointain ?
Je suis une grande fan de technologie et, en tant que tel, je suis optimiste quant à ce que la technologie peut offrir. En général, l’IA peut aider les artistes, qu’il s’agisse de produire du contenu ou, bien sûr, d’aider à la production. Par exemple, pour produire le logo de « La Zic », j’ai utilisé certaines plateformes d’IA pour préparer des logos de référence que j’ai ensuite remis au graphiste – les ébauches faites par l’IA n’étaient certainement pas comparables aux magnifiques résultats finaux réalisés par des humains, mais elles ont aidé. Je pense que l’IA ne peut pas remplacer les humains, et comme pour tout, elle peut aussi avoir des aspects négatifs. À mon avis, tant que la « touche humaine » est préservée et que la créativité est stimulée et non supplantée, l’IA peut aider l’industrie musicale.
Quel est ton top 5 des tracks préférés ?
01. Pachanga Boys – « Time »
02. Laurent Garnier – « The Man With The Red Face »
03. Air – « La Femme d’Argent »
04. The xx – « Crystallised »
05. Massive attack – « Paradise Circus »
Quel est ton plus grand rêve et comment comptes-tu le réaliser ?
Pouvoir voyager dans le monde entier grâce à la musique, et emmener ma famille avec moi en tournée, autant que possible. Parmi les voyages, j’espère voir un jour une aurore boréale, ce qui fait partie de ma liste de choses à faire !
Merci pour ton temps Cristina.
Commander/streamer l’EP Luna de Cristina Lazic, incluant les remix de Mihai Popoviciu et David Gtronic, via La Zic
