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Discussion avec Sun Drine : La scène électro à Berne et son collectif féminin « Töchter »

Sun Drine est un DJ suisse basée à Berne. Sa passion pour la musique est contagieuse. Elle aime jouer de longs DJ sets de Deep House. Elle est également membre du collectif féminin « Töchter », composé de femmes dévouées, bénies par la musique, envoûtées, puissantes, euphoriques et ayant un objectif commun : l’échange musical ainsi que l’organisation de festivals enivrants. WODJ MAG souhaite en savoir plus sur elle et sa vie de DJ.

 

Toi

WODJ MAG: Bonjour Sun Drine, pourrais-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Sun Drine: Salut, je m’appelle Sandrine et je vis à Berne, en Suisse. Je joue des dj-sets sous le nom de Sun Drine depuis environ trois ans.

Racontes-nous tes débuts dans la musique électronique ?

Adolescente, j’ai assisté pour la première fois à une fête techno, cette musique m’a directement fasciné. À partir de ce moment-là, j’ai assisté presque exclusivement à des fêtes où l’on jouait de la musique électronique. J’ai donc vécu les différents changements de la musique électronique, de la Trance à la Goa en passant par le Minimal, tout y est passé au fil des ans. Lorsque j’ai vu Rampue en concert pour la première fois, la fièvre du downtempo s’est emparée de moi. Mon compagnon de l’époque, actif en tant que DJ depuis plus de 20 ans, m’a encouragé à créer mes propres mix et m’a finalement appris à devenir DJ.

Est-ce que tu fais aussi des gigs?

Je joue des dj-sets dans des clubs et des festivals.

En écoutant tes mixes, on ressent des sensations envoûtantes et oniriques… Comment décrirais-tu ton style musical ?

La question sur le style de musique… c’est une question difficile et très importante… Je suis principalement dans les genres Downtempo, musique électronique du monde et deep house. Loin de tous les genres, je décrirais mon style comme mélodique, ludique, trippant, sphérique et souvent plutôt mélancolique. Mon but est que mes auditeurs, ainsi que moi-même, puissent faire un voyage pendant un set. Un voyage à travers toutes les émotions, le bonheur, l’amour, la joie, mais il peut aussi y avoir de la nostalgie, de la tristesse ou de la colère.

Peux-tu nous expliquer ton projet artistique en détail ?

Je veux juste trouver des sons spéciaux, les mixer, les partager et rendre les gens heureux.

Ou vas-tu glaner ton inspiration ?

Depuis de nombreuses années, je suis un grand fan de Radiohead, leur talent à emballer des percussions et des structures complexes, ainsi que la mélancolie si accessible et à décorer le tout avec une certaine facilité, m’impressionne et m’inspire beaucoup.
Sur la scène downtempo, je suis inspiré par de nombreux DJ’s et producteurs différents, la liste est longue :). Ninze&Okaxy, Gejiu, Riyoon, Geplantes Nichtstun et Jascha Hagen sont des producteurs qui me surprennent et m’inspirent toujours.

 

La scène underground bernoise

En France, on n’entend pas beaucoup parler de la scène électronique suisse. Pourrais-tu nous en décrire les tendances actuelles ?

Je dirais que la scène électronique suisse est bien sûr très diversifiée et qu’il y en a pour tous les goûts. En tout cas, elle n’est pas à sous-estimer et offre beaucoup de délicatesses musicales. Je ne pense pas qu’il y ait une tendance spécifique. En ce moment, la scène downtempo connaît une grande croissance, ce qui me rend personnellement très heureux.



Quelles sont les villes suisses les plus dynamiques ? Qu’en est-il de la scène bernoise en particulier ?

À Zurich, l’offre de clubs est la plus importante et aussi la plus variée. Mais Bâle compte également un certain nombre de clubs renommés. A Berne, l’offre est plutôt réduite mais non moins attractive. En Suisse romande, je ne connais pas si bien mon club.

Pourriez-vous nous partager les noms des DJ et producteurs suisses que tu apprécies ?

Mes DJ’s suisses préférés…là aussi la liste devient infiniment longue ;). Au niveau des producteurs c’est Okuma en ce moment qui m’impressionne beaucoup. Mais aussi des artistes comme Bernstein, Avem et Daniel Imhof me touchent beaucoup.

Tu appartiens au collectif musical bernois « Töchter ». Peux-tu en le présenter ?

Le collectif « Töchter* » est composé de huit femmes DJ. Nous évoluons toutes dans différents domaines de la musique électronique. Je suis une co-initiatrice. Mais nous sommes toutes égales. Nous n’avons pas de hiérarchie.

Sun Drin DJ Swiss


Être une femme DJ

 

Tu dois en avoir peut-être assez des questions sur votre genre, et si c’est le cas, nous nous excusons d’avance de vous le demander une fois de plus. « Töchter » est un collectif musical féminin. Était-ce un choix ? Si oui, pourquoi avez-vous fait ce choix ?

Töchter* signifie en français filles… donc oui, c’était une décision que ce collectif soit composé de femmes. Lorsque le collectif a été fondé, j’ai été confrontée au fait que j’étais souvent la seule femme parmi plusieurs hommes. (Comme vous pouvez le remarquer, tous mes producteurs préférés sont des hommes). Ce n’est pas que je me sentais désavantagée, mais j’étais souvent intimidée par la forte présence masculine et la confiance en soi de mes compagnons d’armes masculins.

Pour moi, l’insécurité et la peur de l’échec m’accompagnaient dans presque tous les concerts. Mais je n’ai pu parler qu’à quelques hommes et j’ai pu entendre de temps en temps que je devrais être plus détendue et que je pense trop. C’est ce qui m’a poussée à devenir active et à trouver d’autres femmes qui jouent de la musique. J’ai connu brièvement une jeune femme qui était également DJ et je lui ai parlé. L’idée d’un collectif l’a enthousiasmée dès le départ et elle a rallié d’autres femmes à sa cause… À partir de là, tout est allé très vite, et nous étions huit.

Évoluant dans un métier majoritairement masculin (en parlant de chiffres), vous identifiez-vous comme féministe ? Si oui, comment abordes-tu la question féministe en relation avec votre activité artistique ?

Si je suis féministe, c’est une question à laquelle je peux difficilement répondre par oui ou par non. Je souhaite, comme beaucoup de gens, l’égalité des droits. Pour y parvenir, il est important que nous, les femmes, ne nous lancions pas dans une lutte des sexes et ne nous figions pas dans une posture de victime. Il est important que nous défendions ce qui est important pour nous. Bien que j’aie dit que parfois je ne me sentais pas comprise par les autres DJ masculins, la plupart d’entre eux me font savoir très clairement qu’ils pensent que c’est bien que je fasse de la musique et m’encouragent souvent. La seule réponse à toute cette histoire de genre est en fait : il s’agit de musique, de la sensation que l’on ressent pendant un set, le genre qui se trouve derrière le pupitre du DJ ne devrait pas avoir d’importance.

 

Tes projets

Tu as signé avec le label allemand Amselcom. Peux-tu nous en dire plus sur cette collab’ ?

J’ai rencontré la team d’Amselcom avant de commencer ma carrière musicale. J’ai aimé les sons spéciaux que ce label a sortis. Quand j’ai rencontré plus tard Andreas qui est le cœur et l’âme d’Amselcom, ça a immédiatement cliqué des deux côtés. Il m’a demandé de faire la compilation Never Grow Old, après avoir acceptée j’écoutais toutes les sorties du label. Cela m’a beaucoup appris sur la diversité d’Amselcom et j’aime la façon dont ils sont ouverts aux sons non conventionnels. Ce sont principalement des sorties downtempo. Je suis tellement heureux d’être avec Amselcom, ils me soutiennent toujours, mais ne me poussent jamais vers quelque chose qui ne me convient pas.

Quels sont tes projets pour cette année ?

Je me réjouis particulièrement de mon second booking à Berlin, au Rummelsbucht. Mais aussi tout ce que l’automne/hiver me réserve. J’ai l’intention de continuer à profiter de la recherche constante du son parfait et, je l’espère, de jouer encore beaucoup de beaux concerts.

Quelle est ton but le plus profond dans la vie et comment comptes-tu l’accomplir ?

Mon but dans la vie ? Être satisfaite et relever courageusement les défis que la vie me réserve… et surtout profiter beaucoup !!!

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