Discussion avec Anja Schneider : Force créative au cœur de la scène électronique berlinoise • WODJ MAG

Anja Schneider est l’une des artistes les plus accomplies du monde de la musique électronique. Après avoir cofondé le respecté label Mobilee Records en 2005, et avec qui elle a fait émerger une nouvelle vague d’artistes Tech-House de premier plan de la scène berlinoise et mondiale, elle s’est lancée dans une nouvelle aventure avec son empreinte « Sous Music » en 2017. Un label qui pour elle semble plus adapté à sa vision et ses valeurs que sont la liberté de produire ses propres sans ligne artistique prédéfinie.

Image mise en avant : © Pata Aicir

Au cours de ses 20 ans de carrière, elle a travaillé sur plusieurs projets en tant que DJ, productrice, boss de label et animatrice d’une émission de radio en direct de Berlin « Club Room with Anja Schneider ». Témoin d’une scène underground en pleine métamorphose, Anja Schneider reste pro-active, créative et continue de produire et pousser ses artistes en leur apportant son soutien et son savoir-faire inestimable dans cette industrie. L’équipe de WODJ MAG a eu la chance d’interviewer Anja Schneider et lui poser toutes les questions qui font l’empreinte du webzine et ainsi que ses prochaines releases et sa vision. Bonne lecture.

Toi

WODJ MAG : Merci de nous parler Anja, comment vas-tu ? Peux-tu te présenter pour celles et ceux qui te découvrent ?

Anja Schneider : Merci de m’avoir invité ! Je suis DJ, productrice et responsable du label Sous Music, mais j’ai également été animateur radio pendant de nombreuses années. Au total, cela fait plus de 20 ans que je suis dans le domaine de la musique. Cela semble fou quand j’écris cela ici dans cette interview, car le temps a passé très vite et je l’aime toujours plus que jamais. Je suppose que j’ai beaucoup de chance.

Comment définirais-tu ton style ?

Je l’ai appelée « Schneider House » car ça se situe toujours entre la house et la techno. C’est une musique qui vous fait bouger davantage, mais avec des éléments hypnotiques.

Si tu pouvais te décrire en un mot, quel serait-il ?

J’espère que je suis loyale, aimante et que j’ai beaucoup d’empathie, mais je n’ai pas vraiment beaucoup de patience.

Ton label

Tu as créé Sous Music, il y a maintenant 5 ans, avant cela, tu codirigeais Mobilee Records à Berlin avec Ralph Kollmann depuis sa création en 2005. Une longue carrière dans la musique avec un catalogue de sorties conséquentes et des découvertes de talents dont Pan-Pot et Sebo K pour ne citer qu’eux. Comment orientes-tu ta vision artistique actuelle avec Sous Music ?

Je me sens plus libre parce que je n’ai pas la pression d’une grande marque et d’une équipe opérationnelle derrière moi tel que Mobilee. Je fais presque tout moi-même et je n’ai pas à suivre une tendance particulière ou ce qui est cool. Ce n’est pas toujours facile d’être à l’aise avec son propre son, mais avec Sous, je suis sûr à 100% que c’est moi.

De nombreux producteurs ont sorti des singles et EPs dont Francesca Lombardo, Billy Turner, Madben, Asio, Reform, Matrefakt, Spatial Awareness, Culture Jam et bien d’autres via Sous. Quelle est la prochaine étape ?

Je travaille sur une compilation de label pour Sous, qui sera la première que nous ayons faite. La plupart des artistes seront ceux avec lesquels je travaille depuis longtemps et dont je suis le plus grand fan. Vous pouvez vous attendre à des artistes tels que Matrefakt, Reform, Because Of Art, Basic Instinct, Lupe, BAUGRUPPE90 et deux nouveaux artistes du label, Julien Bracht et Diego Infazon. J’ai vraiment hâte de voir cette sortie ! Enfin, nous avons aussi un remix de Shadow Child du track original « Wait », que j’ai cosigné avec Fritz Helder, et qui sortira très prochainement.

Tes dernières releases

Tu as cosigné de nombreux tracks avec d’autres artistes, notamment Sophie Hunger, Stereo Mc et Dabrina via le label HE.SHE.THEY, un label international house et techno et inclusif, pour « TOUT LE MONDE », y compris les femmes, les personnes non binaires, les trans et les homosexuels. Peux-tu nous partager cette expériences ?

Le label HE.SHE.THEY est incroyable ; J’adore travailler avec des personnes différentes et les défis que nous apprenons les uns des autres. À chaque fois, je donne tellement, mais je reçois tellement en retour. C’est une opportunité rare et très spéciale de travailler avec une équipe si spéciale.

Ton podcast Club Room et l’émission de radio du même nom que tu animes chaque semaine ont eu des invités étonnants. Le dernier en date, Club Room #214 paru le 2 juin 2022, présentait ton dernier titre « Wait » avec Fritz Helder, sorti le 15 juillet 2022. Peux-tu nous en dire plus sur cette collaboration ?

J’ai rencontré Fritz parce qu’il cherchait un studio sur Berlin. Nous nous sommes rencontrés et je suis tombé amoureuse de son énergie. Il était clair dès ce moment que nous devions faire un morceau ensemble. Il travaille actuellement sur des projets solo qui sortiront bientôt via Sous.

Même si il n’a plus besoin de l’être, peux-tu nous présenter Fritz Helder ?

Hahaha, avez-vous déjà écouté le morceau « Hungry For The Power » ? Si c’est le cas, Fritz Helder est un membre d’Azari & III.

Ta vision

Tu as contribué à l’évolution du mouvement et de l’industrie de la musique électronique ces 20 dernières années et tu l’as vu changer énormément. Quelle est ton point de vue sur ces deux décennies écoulées ?

Bien sûr, les choses ont beaucoup changé et les médias sociaux (pour beaucoup de gens) ont été une bénédiction et pour certains le contraire. Nous avons vu beaucoup de nouvelles opportunités dans la musique et il est agréable de voir la jeune génération en tirer le meilleur parti. La chose la plus importante est de rester vrai et authentique. Faites-le pour l’amour de la musique, et vous irez loin. Sinon, votre carrière sera beaucoup plus courte. Ce n’est pas facile, et rien ne se fait du jour au lendemain, alors, préparez-vous à cela.

De plus en plus de femmes se positionnent à l’avant-garde de la scène underground. Et toi, en tant que femme, DJ, productrice et boss de label, tu contribues à ce mouvement. Souhaites-tu que davantage de femmes sortent sur Sous cette année ?

Oui, j’ai toujours envie de voir plus de femmes sortir sur le label. Pour moi, c’est toujours la musique qui prime. J’ai déjà fait quelques sorties incroyables avec Jennifer Cardini en 2005, Nicole Moudaber en 2012 ainsi que Maya Jane Coles et Miss Kittin. Je suis tellement heureuse de l’évolution des femmes dans la scène underground, qui jouent de meilleurs créneaux et sont en tête d’affiche de festivals dans le monde entier. Il fut un temps où c’était très différent et où il y avait peu de productrices et de DJs reconnus. Savoir que cela change et continue de changer est incroyable, car nous avons travaillé si dur pour en arriver là.

As-tu des recommandations à nous faire quant aux nouvelles artistes féminines à suivre en 2022 selon toi ?

Oh oui ! ElisaElisa qui vient de Berlin est toute nouvelle et je suis aussi une grande fan de Gabriella Vergilov. Sans oublier Sedaf Adasi, Chloe Chaillet et Carita qui ont également volé mon cœur ces derniers temps 😊.

Comment vois-tu l’évolution de l’industrie musicale au cours de la prochaine décennie ?

J’espère qu’il y aura plus de courage pour prendre des risques et apporter une musique qui offre quelque chose de différent. Redonnons du piquant à la musique !

Avec l’émergence du Web3, des NFTs et des Metaverses, te vois-tu mixer dans un monde parallèle comme certains artistes le font ?

Je l’ai fait pendant la pandémie, mais c’était ma seule chance de laisser libre cours à ma créativité et de communiquer avec mon public dans un monde différent.