You are currently viewing Discussion avec Louve : DJ et membre fondateur de bass couture

Discussion avec Louve : DJ et membre fondateur de bass couture

C’est dans l’Est de la France, du côté de Mulhouse que l’on retrouve Juliane Graff, plus connue sous son nom d’artiste Louve. Elle a commencé à mixer dès sa majorité et, aujourd’hui, sept ans plus tard, elle distille sa musique dans les meilleurs clubs d’Europe. L’artiste ne s’arrête pas là. Elle fait parti des membres fondateurs de Bass Couture, une association qui promeut la musique électronique en organisant des soirées et des évènements de qualité. Elle a déjà joué aux côtés de pointures telles que Lazare Hoche, Jeremy Underground, Sonja Moonear ou encore Boris Brechja. Découvrez Louve, une DJ passionnée et passionnante, à travers cette longue interview.

 

Toi

Peux-tu te présenter à toutes celles et tous ceux qui te découvrent ?

Je m’appelle Juliane, j’ai tout juste 25 ans. Dans la vie courante je suis diplômée d’un master en marketing et en communication ! En 2017 j’ai notamment eu la chance d’effectuer mon stage en business development et journalisme pour Mixmag France à Londres. En réalisant ce rêve, j’ai eu l’occasion de rencontrer de magnifiques personnes qui m’ont conforté dans l’idée de continuer à m’investir dans le monde de la musique électronique.

Depuis combien de temps mixes-tu ?

J’ai commencé à mixer sur Serato à l’âge de 18 ans et ma première date fut dans un des meilleurs clubs de Suisse – le Nordstern, c’est là que tout à commencé pour mon projet artistique.

 
louve interview

© Roman Schoch

Quel est ton style ?

J’ai commencé à jouer de la techno au début pour m’assagir avec le temps ! J’aime quand ça tape juste et fort, mais pas trop non plus. Mon style musical est assez éclectique mais reste prédominant pour la minimale house avec des notes mélodieuses.

Quelle track te définit le mieux ?

Une track c’est assez difficile ! C’est pourquoi je vous propose des découvrir mes playlist mensuelles que j’alimente sur mon Soundcloud.



Pourquoi avoir choisi Louve comme nom d’artiste ?

J’ai beaucoup d’anecdotes à raconter à ce propos. Je suis née l’année du loup sur le calendrier chinois et en mars, où le poisson équivaut au loup sur le calendrier amérindien ! J’ai toujours grandi avec les chiens et j’ai toujours eu une affection particulière pour eux, sans doute parce que l’on partage les mêmes principes de loyauté et d’honnêteté ! Le loup je l’affectionne particulièrement parce qu’il a toujours été un animal méprisé et incompris. Il est associé au mal alors qu’en définitive nos rapports sociaux sont très semblables. J’ai adopté ce nom parce que j’aime véhiculer cette image d’animal rebel qui a toujours refuser d’être dompter par l’homme. Mais l’anecdote la plus incroyable reste mon voyage au carnaval de Venise avec ma mère et une amie en 2015. Ma mère a un nom de jeune fille de consonance italienne – Nardin – et elle avait déjà effectué des recherches généalogiques pour en savoir un peu plus sur l’origine du nom. Alors que nous faisions un tour en gondole, l’occasion fut de poser la question au gondolier si ce nom lui était familier (en plus il parlait très bien français). Il lui a répondu que « bien entendu, les Nardin étaient la plus grande famille de gondolier il y a quelques siècles, ils étaient surnommés lupus – les loups en latin » ! J’avais déjà choisi ce nom de scène et quand j’ai entendu sa réponse je me suis dis que les consciences n’existent pas…!

Tu as signé un article sur Mixmag intitulé : « Etat des lieux : le statut des femmes sur la scène électronique ». Sous forme d’une discussion avec la DJ Julia Govor, vous abordez divers sujets dont les artistes femmes, le sexisme, les minorités. Tu peux nous en parler davantage ?

Alors pour commencer je voulais parler d’un sujet qui me tenait à cœur, d’autant plus que je suis née le jour de la journée internationale des droits de la femme le 8 mars, ça faisait d’autant plus écho en moi de faire un état des lieux des femmes sur la scène électronique.



Pour moi c’était important de souligner le fait que quand on est une fille, les garçons ont beau dire que c’est plus facile parce que c’est un monde d’hommes mais c’est faux ! On est moins représentées sur la scène parce que déjà premièrement nous sommes relativement peu à nous intéresser à ce type de musique et encore plus à franchir le pas de s’acheter un set up complet pour apprendre à mixer. Le ticket d’entrée est quand même élevé, la musique électronique c’est une passion qui coûte cher, je comprends que ça puise en décourager certaine d’apprendre.

Malheureusement vivre dans une société patriarcale n’est pas de tout repos. Et je pense que c’est aussi la raison pour laquelle la rave, la fête, la culture underground séduit de plus en plus de monde. On y trouve quelque part un moment où l’on peut dire « pause » à la course à la productivité. Mais en tant que femme DJ, c’est pas forcément le cas. La misogynie est aussi présente. Et au début on se heurte à pas mal de sales remarques, mais il ne faut pas baisser les bras ! Et heureusement on arrive toujours à trouver des personnes bienveillantes sur notre chemin qui nous souhaitent voir évoluer et progresser.

Cet article est un recueil de témoignages d’amies qui ont plus au moins percées. Et qui malheureusement on toutes vécues à des degrés différents le sexisme.

Et par dessus tout j’espère qu’il aura donné envie à certaines de se lancer dans une aventure musicale !

Louve Bass Couture Mulhouse

@ Kaufleuten Club – Zurich



En tant que cofondatrice

Tu as co-créé le collectif bass couture dans ta ville, à Mulhouse. Peux-tu nous présenter ce projet ?

Avec un ami nous avons d’abord crée le collectif Colormind j’avais à peine 18ans, on a commencé à organiser des concerts au Noumatrouff – mais tout en étant axé dubstep electro trash. En 2015 et en étant rejoint par une autre association mulhousienne, nous avons fusionné pour créer ensemble Bass Couture avec une programmation qui met en lumière les talents français de la house, de la minimale et de la techno. Bass Couture c’est aussi un lieu chargé d’histoire que l’on investit – Motoco à DMC – une résidence d’artiste réhabilitée par la ville de Mulhouse qui rend hommage au passé glorieux de la ville. C’est dans cette ancienne usine textile (qui est la plus grande friche industrielle – Manchester français en somme) que nous organisons nos soirées. D’où Bass Couture, c’est un nom recherché qui nous tenait à coeur !

Dans Mulhouse, il y a « House »… comment se passe la scène électronique ici ?

Haha ! Effectivement on adore faire ce jeux de mots quand nous accueillons les artistes où même d’eux mêmes ils nous font souvent la blague avant de vite ravaler leurs sourires quand on leur annonce que malheureusement nous sommes les seuls acteurs à faire bouger la ville ! Du moins nous sommes les seuls à proposer des line-up pointus et qualitatifs, autrement il a bien-sur quelques petites discothèques pour les quarantenaires.

Tu es proche de la Suisse et tu mixes souvent là-bas, comment ça se passe ?

Je joue plus souvent en Suisse qu’en France effectivement ! Mulhouse est une ville qui se situe au coeur des frontières avec l’Allemagne et la Suisse. La scène en Suisse est incroyablement développée et le public y est très éduqué comparé à la France. Il y a beaucoup plus d’opportunités en traversant le Rhin 🙂

 



L’artiste

Tu as été invitée à mixer en première partie de Denis Sulta pour Cercle Music à la Cité du train à Mulhouse, raconte-nous cette expérience ?

C’était incroyable de rendre hommage à ma ville natale… jouer pour la plus grande plateforme de streaming qui invite les plus grand de ce monde, c’était comme boucler la boucle, mémorable ! En plus de cela mon père est venu pour l’occasion il m’a vu jouer pour sa première fois devant 1000 personnes ça lui a fait tout drôle !

Quels sont tes projets actuellement ?

Prochainement – et c’est encore secret – je vais lancé un nouveau concept de soirée au Nordstern à Bâle. Grâce à leur soutient ce concept va mettre en lumière les artistes féminines de la scène électronique ce seront des line-ups 100% féminins. L’idée par la suite est de l’exporter comme une marque comme RA+RE Paris ou She Made Rome ! Et d’allez plus loin dans la démarche .. si on peut faire tomber le plafond de verre en organisant des workshop l’après midi pour initier le public à l’art du DJing ce serait incroyable ! Comme dit…vous aurez plus à en découvrir d’ici le mois de juin.

Ton top 5 des meilleures tracks de toute ta vie

Pas facile ! J’ai grandi baignée dans le hard rock, la pop, la soul et la musique classique ! Autant dire que si on ajoute la musique électronique ça devient difficile à choisir. Mais allons-y…

01. Rrose – Onceless [Stroboscopic Artefacts] : même si je ne joue plus autant de techno qu’avant, il y a des tracks comme celle-ci qui ne s’oublient pas ! Rrose a un univers incroyable en plus de se travestir quand il joue, respect ! Il y a un côté mystique qui se dégage… j’adore !

02. Pink Floyd – Time : Pink Floyd ont bercé mon adolescence, ils m’ont inspiré et continuent encore aujourd’hui impossible de ne pas les faire figurer dans cette liste.

03. SebastiAn – Embody [Ed Banger Records] : ED BANGER, au même titre que Pink Floyd, j’ai grandi avec eux, longue vie à la french touch !

04. J. Andromeda – Yoyaku [YYK no label] : parce que la Drum’n’bass est sous représentée, c’est bien dommage !

05. Traumer – Classroom [Gettraum] : pour l’anecdote j’ai entendu, pour la première fois, cette track, lorsque j’étais en after avec Ricardo Villalobos. Sacrée experience ! A chaque fois que j’entends cette musique je ne peux pas m’empêcher de penser à lui et ses excès en tout genre.

Le lieu le plus fou ou tu aimerais mixer ?

J’ai joué à New York en début d’année, même si ça a déjà été un rêve accompli cela était totalement fou de sortir pour la première fois d’Europe et de partager ma musique outre Atlantique ! Si j’avais à choisir ce ne serait pas dans un grand festival mais dans un endroit sauvage et naturel à couper le souffle comme le parc de Yellowstone aux US par exemple !

Quel est ton plus grand rêve ? Comment comptes-tu l’atteindre ?

Mon plus grand rêve serait de produire ma propre musique et qu’elle puisse inspirer les gens qui l’écoutent. Et pour se faire il n’y à pas de secret, je compte m’y mettre dès cette année pour pouvoir espérer sortir quelque chose d’audible d’ici 2 ans !




Facebook
Soundcloud
Instagram
Resident Advisor

Bass Couture
Facebook