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Discussion avec LŪV : La Musique comme Trajectoire

LŪV, un an après son dernier disque « Wildheart » en 2021, plus éclectique sur lequel on l’entendait chanter, la Sudiste a décidé d’éteindre le micro et de se tourner résolument vers le dancefloor sur un EP 100 % techno, paru en juin 2022, et qui invite au lâcher-prise autant qu’à la prise de conscience – la sienne autant que la nôtre. Titré « They Used to Call Us Witches », son nouvel EP est un hommage aux femmes émancipées du monde entier.

Image mise en avant : shooting promo EP « They Used to Call Us Witches » via Egosit records (2022) © Pauline Garcia Sancho

 
Issue de la scène rock, LŪV plonge tête la première dans la musique électronique dès les années 2000. Elle se prend directement de passion à composer des morceaux sur des machines, des boites à rythmes et à les jouer en live dans des soirées entre potes. Progressivement elle pose sa voix qu’elle aime utiliser en arrière plan pour personnaliser ses morceaux. Et ‘est tout naturellement qu’elle forme un duo électro, « Sudden Sense », dans lequel elle chante. C’est à ce moment qu’elle prend goût à la scène, et qu’elle prend plaisir à partager des émotions avec un public. Son besoin d’expression et de créativité se faisant de plus en plus important, elle décide en 2017 de voler, à nouveau, de ses propres ailes et crée LŪV. Spirituelle, talentueuse, créative, découvrez la trajectoire de cette productrice hors du commun dans cette interview unique.
 

Toi

WODJ MAG : Hello LŪV, comment vas-tu ?

LŪV : Salut WODJ MAG! Je vais très bien , merci!

Est-ce que tu peux te présenter pour celles et ceux qui te découvrent ?

Je m’appelle Elodie, j’ai 41 ans, je vis en région bordelaise, je suis productrice de musique électronique sous le nom de Lūv.

LŪV, tu as trouvé comment ce nom de scène ? Tu le prononces comment ?

Je le prononce Louve, justement parce ça fait référence à l’animal. Comme la louve, je suis plutôt sauvage, j’aime la solitude mais j’ai besoin d’etre entourée de mon clan J’aimais bien aussi l’idée d’inclure le mot amour, j’aime en mettre dans tout ce que j’entreprends, surtout dans ma musique. Et, enfin, il y a un petit clin d’œil à mon nom de famille, mes racines.

Quel est ton style ?

Je compose de la techno mélodique. Je fais une musique plutôt dansante et planante.

Quel est le track qui te définirait le mieux ?

C’est « Learning to fly » de Maceo Plex. C’est un morceau qui me donne envie de fermer les yeux, m’abandonner, de danser, de pleurer, de rire, de faire l’amour… il est tout ce que j’aime !





 

Ta musique

T’es tombée amoureuse de la musique il y a une vingtaine d’année et tu n’as plus jamais quitté… As-tu un ou des moments forts à nous partager ?

Un des moments les plus forts émotionnellement a été, en 2020, quand j’ai reçu le mail m’annonçant que j’étais sélectionnée pour le bpm contest. C’était fou, j’ai eu l’impression qu’on avait enfin entendu mes prières  » s’il vous plaît, venez me chercher, j’en suis sûre que ma place est là ! » Gagner ce tremplin m’a permis d’écouter cette petite voix qui me disait de me lancer. Jouer mon live en haut d’une tour sur les toits d’Albi, soleil couchant, face à la cathédrale fut aussi un moment très intense.

Tu viens du Sud de la France : une fête, avec toi dans le Sud, ça donne quoi ?

Une fête plutôt privée, des copains, des nouvelles rencontres, on discute de choses profondes, on dit des conneries, on rit, on danse. Du bon son, de l’amour, du sourire, du bon vin…en toute simplicité

En 2020, tu gagnes le BPM contest 2020 et tu sors ton premier EP « Wildheart » via Egoist Records. Tu peux nous faire une petite rétrospective de cette année ?

Ah 2020! Ça va être rapide ! En janvier, je m’ inscris au bpm, je suis sélectionnée. En mars je pars à Paris enregistrer mon live pour la finale 3 jours avant le 1er confinement. En avril, j’apprends que je suis la gagnante et pouf plus rien… je prends cet arrêt comme un cadeau, j’ai enfin le temps de faire de la musique, je ne ferai plus que ça, c’est décidé.

Nous t’avions découverte avec des tracks tels que « Meet the moon », mélodique et mental ou encore « Who am I », un morceau résolument techno, introspectif, accompagné de ta voix et « It Should Be Fine », une piste de 4:44, vombrissante qui nous transporte. De ces tracks émergent ton style. À savoir, un beat techno, une mélodie, une ligne de basse à l’ancienne et vocales. Qu’est-ce que tu cherches dans la production ?

Faire danser, provoquer des émotions, toucher autant l’esprit que le corps est une vraie quête dans mes productions. Je suis toujours à la recherche d’un juste équilibre. J’aime l’idée de pouvoir relier 2 opposés pour en faire une unité. Une basse bien lourde avec une mélodie très aérienne par exemple. J’aime quand la musique te prend aux tripes.

Comment tu trouves l’inspiration ?

J’ai l’impression que c’est en moi et que c’est une ressource inépuisable. Je suis quelqu’un de très intérieur, je réfléchis, j’analyse beaucoup (trop des fois.) D’une grande sensibilité, tout m’inspire, tout me touche, j’ai besoin de créer pour me sentir bien et libre.

Tu bosses avec quels matériels (softwares, synthés,…) ?

Je travaille sur un ordi avec le logiciel ableton live, j’utilise une APC 20 pour le contrôler, un autre contrôleur le midimix de chez Akai pour faire vivre mon live, j’utilise des vst, un synthé le xd minilogue, et une boîte à rythme la Tr6s.

LŪV, shooting promo EP « They Used to Call Us Witches » via Egosit records (2022) © Pauline Garcia Sancho



Ton actu

Tu viens de sortir ton second EP que tu as intitulé « They Used to Call Us Witches » via Egoist Records, est-ce que tu peux nous le présenter s’il te plaît ?

Je m’intéresse depuis pas mal de temps à l’univers des sorcières, à la puissance féminine, la sororité. Les femmes qui m’entourent que ce soient mes sœurs, mes cousines, mes amies m’inspirent énormément. J’ai voulu mettre à l’honneur cette force féminine, ce combat anti patriarcat, cette quête de libération intérieure. Une sorcière est une femme qui ose regarder à l’intérieur d’elle même…

Ton mini album est composé de 4 titres dans l’ordre « Feel It », « Mujeres », « High Tide », « Mujeres (Radio Edit) » : un EP mystique, symbolique et activiste avec notamment « Mujeres ». En effet, ce track, « Mujeres », marque les esprits, il prend aux tripes, porté par les voix du collectif Las Tesis. Un clip de « Mujeres » ou nous les voyons les femmes chiliennes protestées contre la violence de genre de la société… Tu reprends leur code et te bande les yeux… Peux-tu développer ta démarche artistique ?

Au départ, je ne voulais pas forcément politiser ma musique, juste le plaisir de créer et partager. Mais depuis peu, je me sens vraiment à ma place dans ma vie de femme et d’artiste. Je n’aime pas l’idée de m’enfermer dans des cases mais il est devenu essentiel pour moi de m’engager et participer à ce combat pour l’ égalité et les droits des femmes , c’est dans mes cellules, ça déborde de moi. Si je peux par ma musique faire passer un message, ou inspirer ou donner de la force à qqn, j’en serais très heureuse .

« Feel It », le premier titre nous plonge la tête la première dans ton univers musical : Techno et mental. Puis arrive, le second track, « Mujeres », qui est le moment fort de cet EP, en troisiéme position suit « High Tide » qui vient nous happer à nouveau le cerveau avec ces rythmes, ces synthés et cette voix, ce chant (sibérien ? asiatique ?) qui résonne. Y a un vrai travail artistique derrière cet EP. Si bien composer avec une sensibilité musicale. Peux-tu nous en dire plus sur la composition de ces titres ?

J’ai écrit « Feel it » en une journée, ce qui est plutôt rare pour moi, c’est sorti tout seul, comme ça, hyper fluide. J’étais en train de prendre un grand virage dans ma vie, je debordais d’émotions . A l’inverse, j’ai mis 2 ans à terminer « Mujeres », je suis passée par 4 versions différentes avant de composer celle ci. J’ai compris récemment que je ne devais pas être prête jusque là pour porter ce message. Pour « High Tide », je n’aurai jamais pensé sortir ce morceau un jour, je l’ai composé plutôt rapidement pour mon live, je me suis amusée avec ce sample de chant indien, sans qu’il n’y ait un vrai sens, juste de la musicalité et de l’émotion.




Plus sur LŪV

As-tu des DJs et Producteurs qui t’inspirent ?

Victor Newman, mon amoureux ( que j’ai rencontré il y a 2 ans à peine) m’inspire énormément. C’est un excellent musicien, batteur de formation, il est aussi producteur de musique électronique. Il est d’une grande sensibilité, d’une rigueur imparable, d’une richesse musicale incroyable. C’est lui qui arrange ma musique, il m’aide à nettoyer mes tracks et mon live, à les rendre plus propres et mieux rangées ! Il me fait des ateliers techniques pour rattraper mes lacunes, vu que je suis autodidacte. Cette rencontre artistique et humaine est un cadeau du ciel. Autrement, je suis plus inspirée par la musique que l’artiste en général Mais pour donner un nom, je suis rarement déçue par Rodriguez Jr…

Bizarrement je sèche sur cette question… Soit un lieu symbolique, comme le Berghain à Berlin par exemple. Ou alors jouer en pleine nature, dans un paysage complètement dingue, avec une vue incroyable.

Ton Top 5 des sons que tu aimes le plus écouter en ce moment ?

01. Moderat – « Fast Land » [Monkeytown Records]
02. Röyksopp – « How the flowers grow »
03. Rosa Anschütz – « Suspect » [BPitch]
04. Township Rebellion – « Doppler » [Stil Vor Talent]
05. Chateau Flight – « Sargan » [Versatile Records]

 

Dernière question que l’on pose à toutes les DJs et productrices et qui n’est pas des moindres : quel est ton plus grand rêve et comment comptes-tu le réaliser ?

Je rêve de pouvoir voyager grâce à ma musique tout simplement… Une tournée en bus me fait bien rêver, j’avoue ! Pour ça, je travaille, je travaille et je travaille ! J’écoute mon cœur pour faire les bons choix et bien m’entourer. Et je pose mes intentions à chaque nouvelle lune !

Merci LŪV pour cet échange.



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