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Peggy Gou : La DJ coréenne en pleine ascension

Peggy Gou, est une DJ et productrice de musique électronique sud-coréenne basée à Berlin. Cette artiste s’est fait rapidement une place de choix dans la sphère underground. Reconnue par ses pairs pour la qualité de son travail et son talent incontestable, l’artiste a su, en très peu de temps, tracer son propre chemin en offrant une musique house innovante aux influences diverses et irrésistiblement groovy. Avec son style et son approche musicale singuliers, Peggy Gou s’impose comme une artiste phare de la scène house actuelle.

Image mise en avant : © Jungwook Mok

En à peine deux ans, Peggy Gou s’est hissée au plus haut sommet en signant des mix et des productions de très haute qualité, et grâce aux sorties régulières de ses EPs et de ses DJ sets. Soutenue par des légendes du milieu, dont Moodymann, figure emblématique de la scène de Detroit, le boss de Rekids Radio Slave, la reine de la Disco, The Blessed Madonna, Dj Koze ou encore Jackmaster, la talentueuse coréenne vit pleinement sa vie de DJ. Éclectique, inventive et technique derrière les platines, la DJ ne laisse personne indifférent lors de ses gigs.

Les DJ sets de Gou ne se limitent pas à un genre mais balaient un large spectre musical allant de la house au hip-hop en passant par la techno, le break, la rétro et le funk. Il est courant d’entendre dans ses mix un classique house suivi d’une pépite disco, pour le plus grand plaisir de son public. Depuis 2016, date du lancement officiel de sa carrière, la DJ est invitée à jouer dans les festivals et clubs les plus réputés de la planète (Panorama Bar, Concrète, Les Nuits Sonores, Coachella, DC10, Glastonbury Festival…).

Avec déjà 4 EPs signés sur Rekids, Phonica White, Technicolour et, son dernier Once sur le label Ninja Tune, Peggy Gou continue son envol et n’est pas prête de s’arrêter.

Peggy Gou : Séoul, Londres et Berlin

L’histoire de Kim Min-ji, aka Peggy Gou, commence le 3 juillet 1991 à Incheon, en Corée du Sud. Dès 8 ans, elle commence à prendre des leçons de piano classique. À 14 ans, ses parents l’envoient à Londres pour étudier la mode au célèbre « London College of Fashion« . Pendant ses années d’étude, elle commence à s’intéresser sérieusement au DJing. Un programme chargé pour cette jeune étudiante passionnée qui étudie la mode le jour et qui s’entraîne sur ses platines le soir venu. Sa passion dévorante pour la musique l’amène à collectionner les vinyles et se lancer dans la production. Un rêve trotte déjà dans sa tête : devenir DJ.

Première connexion avec le DJing

Dans une interview pour XLR8R, Peggy Gou raconte sa première connexion avec le DJing : « J’ai commencé le djing en Corée en 2009, lorsque mon premier copain, qui était DJ, m’a montré comment mixer deux CD. Et puis, j’ai poursuivi quand je suis retournée à Londres en 2011. » La jeune Peggy Gou doit son « vrai » premier amour pour la musique électronique à Roman Flügel, lorsqu’en 2010, elle découvre son album Fatty Folders. En 2013, la DJ assure ses premiers gigs dans les clubs de l’Est londonien. Deux ans plus tard, elle se fait booker pour de nombreuses dates en Corée du Sud. En 2016, Gou déménage à Berlin, terre d’accueil des DJs et producteurs. Installée dans la capitale allemande, elle occupe tout son temps entre les gigs et la production et continue d’apprendre le piano avec son mentor, Daniel Wang.

La productrice n’hésite pas à mélanger les genres pour offrir une musique originale s’articulant autour des styles house de Detroit et New-York, de rythmiques africaines, de compositions abstraites et des influences funk. Avec un large éventail d’inspirations dont J Dilla, Patrick Cowley, Yellow Magic Orchestra et DJ Sotofett, ses productions commencent à attirer l’attention par la maturité du son, associée à une incroyable capacité à créer des enregistrements dancefloor instantanément accessibles.

Peggy Gou : une productrice proactive

2016 est une année phare pour Gou qui multiplie les sorties d’EPs. En début d’année, elle signe son premier EP intitulé Art of War 1 sur Rekids, le label de Matt Edwards, alias Radio Slave. Deux productions originales apparaissent : « Troop » et « In Sum » ainsi que le remix de « Troop » par Galcher Lustwerk. La piste originale de « Troop » est basée sur une ligne de basse funk qui propulse un groove tropical dément. Le morceau « In Sum » affirme bien la maîtrise de Gou pour les rythmes bruts et propulsifs ainsi que pour les mélodies subtiles.

Écouter « Troop » de Peggy Gou,extrait de Art of War 1, sorti sur Rekids en 2016.





Quelques semaines plus tard, en mars, une nouvelle sortie est annoncée sur Phonica White, le label du célèbre vinylstore de Londres, Phonica Records. Deux tracks sont pressés exclusivement sur vinyle. « Day Without Yesterday » est un morceau house au style de Detroit avec des touches filtrées et une ligne de basse funky. Le second titre, « Six O Six », vire vers un style plus acid, accompagné de mutations modulaires et de percussions. Sur cette piste, la productrice coréenne pose sa voix en donnant une leçon de comptage dans sa langue maternelle.

Écouter « Day Without Yesterday » et « Six O Six » de Peggy Gou, sortis chez Phonica White en 2016.





Puis en avril, le second volet Art of War 2, sort sur Rekids. Deux morceaux originaux, « Jen High » et « When Round, They Go », complétés par un remix de la seconde piste de l’égyptien Terekke, composent ce maxi. Le premier morceau, « Jen High », possède une ligne de basse enivrante chevauchant des synthés frémissants qui, au fil de la piste, font place à des mélodies plus sereines. Tandis que « When Round, They Go » tape beaucoup plus avec des kicks robustes qui viennent rythmer une ligne de bass acids, le remix de Terreke rend l’original plus smoothie et jazzy.

Écouter « When Round, They Go » de Peggy Gou, extrait de l’EP Art of War 2, sorti sur Rekids en 2016.

En octobre de la même année, l’EP Seek for Maktoop est signé chez Technicolour, le sub-label axé club de Ninja Tune. Trois titres originaux sur ce maxi, Gou Talk, « Marktoop » et « Rose », trois pistes qui révèlent la recette originale de Gou : des scintillements, des lignes de basses assumées pour former de véritables sons groovy et dansants. Dans « Maktoop », comme sur certains titres d’EPs précédents, on retrouve une ligne acid. Le troisième track « Rose » se révèle intéressant car la voix posée par l’artiste résonne parfaitement sur une production punchy.

Écouter « Rose » de Peggy, tiré de l’EP Seek for Maktoop, sorti sur Technicolour en 2016.

Ainsi, l’année 2016 s’achève avec pas moins de 4 sorties d’EP sur des labels prestigieux. L’année 2017 est une année riche en gigs et festivals pour Peggy Gou. Parmi plus d’une centaine de dates assurées, la Boiler Room au Dekmantel Festival ou encore son passage au Mixmag Lab Miami pour la « Miami Music Week » sont autant de moments forts pour la DJ.

En 2018, forte de son année à temps plein en tant que DJ, Gou se remet à la production et signe un track intitulé « Shero » qui sort sur le label Needs – Not For Profit. Gou déclare que c’est l’un des tracks les plus hypnotiques qu’elle n’ait jamais faits. Outre la qualité du son, l’artiste est reconnaissante et fière d’avoir été sollicitée par le label pour la campagne d’égalité des sexes #HeForShe.

Écouter « Shero » de Peggy Gou, sorti sur Needs – Not For Profit en 2018.





Un nouvel EP, intitulé Once, sort sur le label indépendant Ninja Tune, proposant trois pistes originales : « It Makes You Forget (Itgehane) », « Hundres Time » et « Han Jan » (= One shot), des morceaux aux styles divers et produits principalement avec un Roland Jupiter 6. D’ailleurs, lors de sa promo, Peggy Gou annonce qu’elle rassemble différents styles et ambiances sur cet EP : de l’ambiance « open air » jusqu’au son intimiste. La productrice a cherché à utiliser toutes ses influences musicales, de la musique house des années 90 aux influences africaines en passant par la techno.

Écouter « It Makes You Forget (Itgehane) » de Peggy Gou, extrait du EP Once, sorti sur Ninja Tune en 2018.

Rapidement, une nouvelle sortie sur Phonica White est annoncée : « Travelling Without Arriving » est un track original et est accompagné d’un remix de Ge-ology. Ce morceau décontracté et groovy se retrouve plus intense et pucnchy sur le remix du producteur new-yorkais Ge-ology.

Écouter l’original « Travelling Without Arriving » de Peggy Gou et le remix de Ge-ology, sortis sur Phonica White en 2018.

Peggy Gou s’est emparée de l’emblématique morceau du duo suisse Shakedown intitulé « At Night » pour y ajouter une touche irrésistible. Le son acid et saturé du synthé guide les auditeurs tout au long du track, pour un groove unique.

Écouter « At Night » de Shakedown, remixé par Peggy Gou, sorti sur Defected records en 2018.

Gudu Records : le label de Peggy Gou

En 2019, Peggy Gou fonde son empreinte Gudu Records. Elle édite un maxi de deux titres intitulé Moment. Sur ce vinyle se trouvent deux morceaux « Starry Night » et « Han Pan ». Sur le titre « Starry Night », qui remporte un franc succès, les notes de claviers enjoués couplés à la ligne de basse aux sonorités Disco donnent un groove unique. La coréenne pose sa voix et chante en anglais et aussi dans sa langue maternelle. Sur « Han Pan », la mélodie est contagieuse et la voix de Peggy Gou entraînante.

Gou n’a pas fait les choses à moitié, son côté designer n’est jamais bien loin. Elle a choisi l’illustratrice Jee‐ook Choi pour réaliser sa pochette et le nom de son label Gudu est un clin d’oeil à la mode. Ce mot coréen signifie le fait de designer des chaussures.

Ecouter « Starry Night » de Peggy Gou, sorti sur Gudu Records, en 2019.

En juin 2021, la star Coréenne enchaîne les sorties sur son label GUDU et signe un single intitulé « Nabi » avec OHHYUK, chanteur et musicien sud-coréen très connu comme le chanteur, guitariste et auteur-compositeur principal du groupe de rock indépendant Hyukoh.

Ce track est un incroyable morceau de pop électronique à 98 bpm, inspiré des classiques synthétiques des années 80. Un retour aux sources pour la productrice qui, pendant son enfance, avait l’habitude d’entendre sa mère jouait des morceaux de piano du célèbre compositeur Erik Satie ainsi que des chansons coréennes des années 80 et 90. Ce titre présente donc une facette moins connue du son et des influences de Gou, conserve les caractéristiques de sa vision unique de la musique électronique, à la fois nostalgique et totalement moderne.

« Nabi » – qui se traduit par « papillon » – est également l’une des toutes premières collaborations vocales de Gou, qui invite le phénoméne sud-coréenn OHHYUK, chanteur et guitariste de Hyukoh.

Ecouter « Nabi » de Peggy Gou feat. OHHYUK, sorti sur Gudu Records, en 2021.

Quelques deux mois suivant la précédente sortie, Peggy Gou revient avec un nouveau track « I Go », accompagné d’un clip réalisé par Inji Seo et monté par Minjung Kim. Un animé ou le héro est Peggy Gou.

« I Go » s’inspire d’une époque similaire à celle évoquée plus haut, mais cette fois-ci, l’énergie vient de l’amour de Gou pour les hymnes de danse des années 90. Lemorceau conserve les caractéristiques de la vision unique de Peggy Gou sur la musique électronique : nostalgique et totalement moderne. Mais sur « I Go », le tempo, les 808 et les 909 ont été augmentés pour un hymne auto-motivant après une pause forcée qu’est le confinement. En parlant de « I Go », Peggy dit :

« Quand j’étais adolescente en Corée, nous n’avions pas de culture rave comme au Royaume-Uni. « I Go » est un hommage à cette époque, ma propre réimagination des sons que j’ai aimés en grandissant. Les paroles sont inspirées d’une note que j’ai écrit sur mon téléphone en 2019, en me regardant dans le miroir des toilettes d’un aéroport – j’avais l’air tellement épuisée mais il n’y avait pas moyen de ne pas continuer ! « I Go », c’est essentiellement moi en train de me motiver, de trouver du courage et de revenir à un sentiment d’innocence. J’espère que les gens ressentiront le même sentiment de positivité en l’entendant ».

Ecouter « I Go » de Peggy Gou, sorti sur Gudu Records, en 2021.

En 2023, Peggy Gou revient sur son label GUDU Records avec un track haut en couleurs accompagné de son clip « rétro » spécial Karaoké. Une idée de maître et un clin d’oeil à sa culture car le karaoké ou noraebang (norae qui veut dire chanson et bang qui signifie salle) en Corée du Sud, est une véritable institution.

Ecouter « (It Goes Like) Nanana » de Peggy Gou, sorti sur Gudu Records, en 2023 :

Quelques faits réels sur la vie de Peggy Gou

En parallèle de ses sorties underground, Gou sort, en 2016, un titre intitulé Hungboo (ㅎㅎㅎ), dans le cadre des prix « Style Icon Asia », mettant en avant la personnalité coréenne Yoo Ah-in. Un morceau moins connu qui prouve à nouveau que Gou ne se limite pas à des styles particuliers.

Peggy Gou a été nominée en 2017 pour les DJ Awards dans la catégorie « new comer » et est classée dans le Top 10.
Outre sa passion pour la mode et la musique, Peggy aime aussi dessiner et c’est d’ailleurs elle qui a illustré les pochettes de la série Art of War.

peggy gou art of war

Depuis qu’elle a posé avec une girafe pour son podcast « The Cover Mix » pour Mixmag, la DJ reçoit énormément de peluches à l’effigie de cet animal de la part ses fans.

mismag cover mix peggy gou

Sur son compte Instagram peggygou_, Peggy Gou montre entre deux concerts son life-style. Habillée dans des tenues traditionnelles ou décontractées, Peggy nous offre une leçon de style sur chaque photo. Démultipliée grâce à ses études à Londres, sa passion pour la mode est bien réelle.

Dès septembre 2018, la DJ coréenne prend le contrôle des antennes de BBC radio 1 pour une « Radio 1’s Residency » ou elle passe ses tracks favorites.
Peggy Gou Radio 1's Residency

Cliquez sur l’image pour écouter le radio show




Enfin, le track “It Makes You Forget (Itgehane)” de Gou fait son apparition sur la playlist officielle du jeu de foot le plus populaire du monde, Fifa 19. Son morceau se retrouvera aux côtés de Gorillaz, Bob Moses, Jungle et Childish Gambino… En attendant la sortie.

Fin septembre 2019, le tout premier clip « Starry Night » de Peggy Gou réalisé par Jonas Lindstroem, sorti en exclusivité sur Apple Music, est en libre écoute sur la plateforme YouTube. Ce clip vidéo est épuré, parfois hypnotisant dévoile une jeunesse sud-coréenne en plein effervescence, faisant la fête et profitant de la vie.

Les djs sets incontournables de Peggy Gou à écouter

Son mix pour Resident Advisor est une véritable mine d’or. Des références incontournables comme Aphex twin, DJ Q, Djaxx acid ou encore MJ, pour ne citer qu’eux, montre à quel point son éclectisme musical est fort appréciable.

Le Phonica Mix Series signé par Peggy Gou fait partie de ces mix qui ne peuvent être que salués par le public et les critiques, notamment pour la sélection pointue des morceaux qui s’enchaînent tout au long du podcast.

Ecoutez le podcast de Peggy Gou pour ‘Mixmag The Cover Mix’, reflet parfait du style musical de l’artiste.

Son DJ set sur le rooftop du Mixmag Lab à Miami en partenariat avec Smirnoff nous scotche. Avec une sélection disco, house et funk, la DJ, vêtue d’une chemise aux motifs à l’effigie d’Elvira dans Scarface, enchaîne pépite sur pépite.

En 2017, Peggy Gou retourne la Boiler Room du Dekmantel Festival. Son DJ set est simplement parfait. À voir/écouter absolument !





Peggy Gou est passée chez Cercle. Dans le décor grandiose qu’est le Palais des Beaux-Arts de Lille, la DJ enchaîne bombes sur bombes pour un DJ set mémorable.

Peggy Gou : interview express & discussion

Voici une interview express en mode ‘FastFacts’ par HighSnobiety qui nous fait découvrir le lifestyle de la DJ au travers de questions légères et fun.

À découvrir : une discussion intéressante réalisée par Boiler Room Bud x Korea, durant laquelle la DJ évoque en toute authenticité ses deux passions : la mode et la musique.

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Crédit Photo : Jungwook Mok